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Roman inachevé
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silenzio



Inscrit le: 26 Nov 2006
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MessagePosté le: 16/01/2008 à 06:02:44     Sujet du message: Roman inachevé Répondre en citant

Partie d'un roman que j'ai écrit, à quatre mains, avec une correspondante sur internet qui a mystérieusement disparu sans me laisser de message.
Si vous trouvez le style et l'histoire digne d'intérêt, je me propose de vous publier tout ce qui est écrit tout en sachant que la suite n'est plus en chantier. Peut-être que si, honnêtement' vous êtes intéressés, j'aurais le courage de reprendre l'écriture tout en sachant que je n'aurais plus l'aide de ma correctrice. Sinon je pourrais encore vous envoyer l'histoire du poisson voyageur ou celle de la petite prostituée.

"Bonsoir Madame Wendy...
Trois jours que je retrouvais Taber dans le hall de l’hôtel, nonchalamment perché sur un haut tabouret, sirotant son éternel scheide. Un thé rouge affreusement sucré, agrémenté d’une feuille de menthe.
- Je t’ai déjà dit Wendy tout court… Si tu tiens à donner du Madame, je préfère Mademoiselle ! , auquel répondit un rire éclatant, des yeux rieurs sans une once de malice : droits, francs et directs.
- Pour Mademoiselle, reprit-il, je m’engage. Pour Wendy je suis engagé… Pour madame Wendy, je suis le guide ! , le tout ponctué d’une insolite déférence.
Drôle de mentalité, appétissant personnage. Nous étions sans doute fait pour nous entendre, ce qui se fit sans aucun mal.
Quatre nuits auparavant, retranchée dans un coin du salon, le nez au-dessus d’un calque froissé et raturé :
- Bonsoir, madame. Il me fit sursauter : devant moi, debout, se tenait mon samaritain de la première nuit. Un bel homme, du reste…
- Bonsoir... Heu, Tachar ?
- Non, Taber Madame. Taber Ahdmedisc !
- Désolée Taber. Voulez-vous vous assoir ? , l’invitai-je.
Fatiguée après une semaine de travail, presque ininterrompu, une compagnie me changeant les idées, n’était pas pour me déplaire.
- J’ai parlé avec mon cousin, et il pense que vous devriez visiter un peu la ville. Je peux si vous voulez vous trouver un guide professionnel, avec voiture climatisée, tour organisé et visites touristiques assurées, mais... Que de dédain dans le mot «touristique » !
- Mais ?
Un quart de seconde d’hésitation, pas plus.
- Je vais vous faire découvrir mon Caire, la ville telle qu’elle est ! Loin des pyramides, de la vallée des Rois, des temples et autres cartes postales. Je veux vous faire aimer ses habitants, ses ruelles sales et ombragées et...
Son intonation me transporta, et reprenant mes esprits, envoutée par cet individu, je l’interrompis :
- Pourquoi Taber ?
- Vous n’êtes pas une touriste, vous travaillez pour ma ville, et le Caire vous doit bien ça !
Simpliste comme explication, alléchante proposition : je me laissai tentée. Le lendemain, comme de vieux camarades, nous sillonnions la ville.
Hors de question pour Taber de me déposer dans les quartiers du centre ville, autour de la place Tarir, prés du musée du Caire. Ces quartiers ressemblaient trop aux villes occidentales, agrémentées de trottoirs délabrés. Non plus d’aller voir les bords du Nil, prés de l’île de Zamalk, des immeubles modernes y abritant hôtels luxueux et centres administratifs.
Nous nous rendîmes à Mar Giglis, du mauvais coté de la voie, ce quartier très populaire commentait Taber, dont les immondices, les sacs poubelles que nous voyions, étaient ramassés par une pelleteuse.
- D’ailleurs, me fit-il remarquer un soir, plus loin… du coté de la Cité des Morts, vous les verrez à l’œuvre…
Nous nous sommes promenés entre Bab Zuway La et Bab al Fotuh, le quartier du Khan : souk à ciel ouvert, montés sur la tour du Caire, sur l’île de Gezira. Tout nous offrait de magnifiques vues de la ville. Les soirées s’estompèrent trop vite, m’emplissant de souvenirs.
Et Taber, me serinait :
- Vous verrez, le cairote est chaleureux. Il aime l’étranger, il l’approche, lui serre la main…
Combien cela était flagrant à chaque coin de rue, à chaque boutique, dans chaque café. Déambulant d’Ibn Tulum à la madrasa du Sultan Hasan, traversant un quartier très pauvre, il eut cette réflexion qui me hante encore l’esprit.
- Ces ruelles, ces égouts à ciel ouvert, ces chemins de terre dans une ville de douze millions d’habitants, vous rappellent sans doute les cités moyenâgeuses de votre vieil occident chrétien.
Et puis ces sites, où à chaque fois il trouvait un cousin, un oncle, un parent éloigné.
Mosquées Sultan Hasan et Al Rifa’i, sur Midan Sal anal Din. Se hisser au haut des parapets de la citadelle, s’imprégner de son musée, toucher du regard et de la paume la mosquée Mohamed Ali.
Mon séjour touchait à sa fin.
- Wendy, ce soir sera notre dernier, dinons ensemble en vrais cairotes.
Un taxi sans permis et sans feux, nous transporta en bordure de la Salah Salem dans un café inconfortable, par quarante degrés, au fond d’une salle enfumée.
Nous y soupâmes du foul, plat à base de fèves et devant la chicha, jusque tard dans la nuit, nous avons tiré sur le tuyau de la pipe à eau.
Comme chaque nuit, Taber me raccompagna à ma résidence. Seulement, cette fois, étourdie, le cœur gros, je m’allongeai tout habillée sur mon lit, ses paroles résonnant à mes oreilles.
- Wendy, je suis déjà engagé, adieu ma déesse étrangère.
Je ne l’ai plus jamais revu."

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silenzio



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MessagePosté le: 16/01/2008 à 08:01:11     Sujet du message: Répondre en citant

Bon, je me lance sur le 1° chapitre, peut-etre sera t'il le seul à vous etre proposé. Il sera mis en ligne par petites doses, un peu comme une nouvelle dans un hebdo. Et maintenant si vous le voulez bien, bonne lecture et n'hesitez pas d'y aller d'une "bonne" critique.

Chapitre 1 : Wendy.

1

Le stylo hésita au-dessus de la première ligne. Cette idée lui trottait dans la tête, depuis un bon moment. Pourquoi ne pas essayer ? Et se jeter à l’eau ?
L’été est proche et son dernier s’était assez bien vendu. Les libraires comme la presse en avaient fait des gorges chaudes, notant au passage que le dernier Wilheim prenait le pouls d’une société fondée sur l’instrument masochiste du plaisir, mêlé à celui insatiable de l’argent : Tout s’achète...
Le canevas était immuable : écrire un conte, relever un défi, jouer entre fiction et réalité.
Elle s’était toujours sentie, presque à l’aise, devant un bureau. Donner vie à ces individus, corps aux lignes virevoltant devant ses yeux était l’expectative la plus courante face aux démons qui la hantaient encore les nuits d’orage.
Cette fois, malgré tout, quelque chose semblait… différent : raconter sa ville, son existence peut-être ? Puiser au fond d’elle-même les personnages qui dériveraient, durant plusieurs semaines, sous ses yeux, bien à l’abri des clameurs extérieures inhérentes au mois de Marie.

A suivre...
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silenzio



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MessagePosté le: 17/01/2008 à 08:34:11     Sujet du message: Répondre en citant

Suite
Une gageure… et pourtant. Une petite voix lui murmurait de l’entreprendre ce chemin la séparant de ses souvenirs. Se mettre à nu face au miroir existentiel. Elle fronça les sourcils, haussa les épaules.
Son regard traversa les fenêtres, dériva sur la ville comme pour la mesurer.
Les canaux de décharge de l’écluse auraient bien pu déborder, tant il avait plu depuis dix jours. La décrue s’était annoncée assez rapidement, au retour de la belle saison, et le Thiou égal en lui-même, n’avait pas quitté son lit.
Une main fébrile feuilleta le cahier, disposé entre sa tasse de café tiède et un cendrier, frappé à l’effigie d’une quelconque réclame, tourna la page puis l’écorna.
Elle faillit le refermer, pour finalement tracer les premières lettres : chapitre 1… Mil-neuf cent…, le raya et déchira la page.
L’instant d’après, elle écrivit : « Tout ceci me semble tellement loin… »
A suivre
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MessagePosté le: 18/01/2008 à 07:05:15     Sujet du message: Répondre en citant

suite

« Nous nous sommes installés à Annecy, de cela deux ans environ. En réalité, notre décision d’élire domicile ici, suivit de peu le décès d’Alexis. Par la suite, nous avons fondé notre propre entreprise, avec mon mari et une collègue descendue, pour l’occasion, de Lille.
Si vous avez, récemment, rôdé par ici, vous connaissez peut-être la grande demeure qui fait l’angle, entre la rue Sainte Clair et celle de la République, jouxtant l’hôtel Favre, non loin du Thiou dans le vieil Annecy. Au fronton, Wendy et Stephan Giesse, Cabinet d’architectes.
On s’est lancé dans cette aventure, et je dois dire que cela fonctionne assez bien : au-delà de nos espérances. Depuis maintenant dix-huit mois, le cabinet ne désemplit pas, les clients se pressent et admirant au passage les toiles disséminées le long des couloirs, griffées des initiales A.D.
Je suis originaire de la région de Carcassonne, Stephan de Montpellier : deux méridionaux en territoire alpin. Les difficultés, que nous avions envisagé, à nous faire accepter par les permanents s’estompèrent au fil des jours, et nous fûmes en vérité plutôt bien accueillis, en partie grâce au Docteur Rivière, ce vieil Oranais installé dans la région depuis le début des années soixante, et dont la plaque en bronze patiné de vert de gris, et martelé par les pluies, indique sans équivoque son métier d’origine : ostéopathe.
a suivre
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MessagePosté le: 19/01/2008 à 07:42:26     Sujet du message: Répondre en citant

Aujourd’hui, nous sommes partie du paysage, et pas mal de monde nous connait ici : du notaire à la pharmacienne.
A cette heure de la matinée, s’allient au brouhaha des fortes chaleurs, les déambulations des promeneurs du côté des arcades, cherchant un coin de fraicheur, quai de l’Isle, face aux vieilles prisons
et se dirigeant, le nez en l’air, vers les bâtisses de la vieille cité vers l’Hôtel de Ville et son parc de l’Europe, qu’ils admirent au passage. Voici une partie d’Annecy que j’apprécie, proche du palais Épiscopal et de mes souvenirs.
Ceci dit, si j’ai repris aujourd’hui la plume, davantage qu’un journal, il s’agirait dans la forme, comme dans le fond, d’un dernier hommage à celui qui voilà deux ans, nous réunit en l’église Notre Dame de Liesse. Outre cela, vous y percevrez sans doute, une manière bien à nous, de nommer notre deuil, et une confession des derniers mois, que nous partageâmes avec Alexis, avant que la maladie ne le rattrape.
Plusieurs semaines en amont, une énième dispute me dressa contre Stephan, toujours ces maux que nous nous jetions, avec un malin plaisir, au visage :
- Crois-tu qu’il soit vraiment indispensable de t’occuper encore d’Alexis, de l’amener tous les jours à la clinique, de rester des heures à ses cotés et lui tenir la main ?
A suivre
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MessagePosté le: 20/01/2008 à 08:54:43     Sujet du message: Répondre en citant

suite
Stephan n’avait jamais vraiment aimé Alexis. Sans doute, m’en sentait-il trop proche, presque dépendante de sa présence, et infiniment plus préoccupée par le délabrement de sa santé que par l’avancement des projets en cours sur la rénovation du château de Menthon, projet que j’avais embrassé comme d’autres le font d’une carrière militaire ou se consacrent au sacerdoce.
- Steph, si tu étais dans le même état, seul et sans amis, tu serais bien heureux que l’on s’occupe de toi, réagissais-je souvent.
Immanquablement, une réponse sèche et froide de ma part : litanie répétée jour après jour, empoisonnant notre existence, voire notre entente de couple, perturbant notre travail, et creusant une faille graduelle dans notre quotidien.
Cela, bien entendu, était sans compter l’annonce sentencieuse d’Alexis. Il nous avait réunis, ce soir-là, pour un dîner entre amis. Quelle ne fut donc pas notre stupeur, de le voir nous divulguer son arrêt de mort, assis nonchalamment sur mon fauteuil favori : une antiquité dénichée chez Brocant & Co., et ayant, soit dit en passant, appartenu au dernier Duc de Savoie en fonction officielle au seing, toujours d’après les dires de l’antiquaire, du gouvernement piémontais.
- C’est décidé, j’arrête la thérapie, ça ne sert plus à rien.
A suivre
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MessagePosté le: 21/01/2008 à 08:17:01     Sujet du message: Répondre en citant

suite
Tout était dit, nous ne pouvions rien y changer : seulement accepter l’inacceptable.
Alexis avait bien changé en quelques semaines. Flottant dans un pantalon trop large, son polo aux manches longues, pour cacher le bleu de la saignée des bras, il semblait sorti tout droit des épaules empaillées de l’épouvantail du Magicien d’Oz.
Il nous annonçait sa condamnation avec calme et sérénité, son visage agrémenté d’un sourire narquois et dans ses yeux un éclair de démence.
En cet instant, j’eus la triste sensation qu’il désirait nous faire mal, me rendre compte peut-être les mois écoulés. A avouer, il y réussit au-delà de toute espérance.
De plus en plus vindicatif, devenu exigeant, comme voulant me faire payer les tourments causés par une maîtresse qu’il n’a jamais eu et que j’aurais voulu être, Alexis s’immisça dans notre vie, écrasant par sa seule présence le bonheur tranquille que nous avions eu tant de mal à installer.
Il restait là, des heures entières, à regarder ses tableaux accrochés aux murs, les yeux vaguement brumeux, les mains tremblantes, la mine défaite.
A suivre
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MessagePosté le: 22/01/2008 à 08:55:19     Sujet du message: Répondre en citant

Suite
Les jours et les semaines passèrent, lentement égrenés par le calendrier posté au-dessus de l’âtre, puis un soir, le coup de fil tant attendu :
- Madame Wednesday Malloy ?
Une voix inconnue dans l’écouteur, deux heures trente du matin : une angoisse, remplacée soudain par une certitude. La veille au soir, j’avais laissé comme consignes à l’infirmière de garde de me prévenir au cas où une aggravation de l’infection pulmonaire, contractée deux semaines auparavant par Alexis, viendrait à se produire.
- Oui… Elle-même !
- Désolée, madame… Un silence, elle reprit : Monsieur Alexis Delavigne est décédé à une heure quarante cinq et comme vous êtes sa seule famille, je vous...
Le néant absurde, plus rien : sourde, aveugle. Alexis était parti seul, comme à son habitude, à dix minutes de mon domicile… de mon chez moi ?
Seule aussi, malgré la présence de Stephan, me tenant par les épaules secouées de sanglots, une fois le combiné reposé sur sa fourche.
Plus rien… que le silence assourdissant dans une trop grande demeure.
A suivre
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MessagePosté le: 23/01/2008 à 08:02:31     Sujet du message: Répondre en citant

suite
3

Ce jour-ci du onze novembre, ironique pied de nez à l’histoire et aux cérémonies, nous piétinions une allée détrempée, les visages rougis par la morsure de la bise, nos regards baissés fuyant le défunt. Nos quinze pleureurs assermentés et sa douzaine de faux-jetons du cru, réunis sous un ciel de traîne, examinaient la tranchée que le fossoyeur avait ouverte à même le sol, la veille au soir.
Un énergumène, d’à peine vingt ans, débarqué là par les soins du diocèse, bénissait un lopin de terre fraîchement retourné.
Son bréviaire en main, il marmonnait d’absconses prières, proches d’une litanie funèbre : un jeu de manches, digne des meilleurs avocats, le jour d’un procès perdu d’avance pour la justice, ou l’apparence de la justice. Il récitait son texte, pour le salut de nous ne savions trop qui, ou plutôt quoi.
Je le reverrais toujours avec sa lourde croix, autour du cou, son costume gris et veston croisé, sur une paire de mocassins version aristo.
Et une trentaine de péquenauds réunis autour de ce cercueil, jasaient déjà à tout berzingue, la cérémonie à peine conclue : des mouches autour de la charogne.
A suivre
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MessagePosté le: 24/01/2008 à 06:04:51     Sujet du message: Répondre en citant

suiteVous allez vous dire, celle-là, elle a envie de bouffer du cureton : et vous n’auriez pas tellement tort !
Celle-là, c’est moi… Et moi, je m’appelle Wednesday. Vous devez sans doute vous demander à quoi songeait mon paternel, le jour de mon baptême. Allez savoir…
Ce qui est certain, est que je n’aurais jamais de réponses à cette question : il est descendu chercher des cigarettes, de cela dix-huit ans. Seulement, il ne devait pas avoir en tête le digicode de l’entrée, étant donné qu’il n’est jamais revenu.
Tous ceux qui me connaissent ici m’ont surnommée Wendy : plus court, plus sympathique aussi. Et un avantage certain pour la prononciation.
Enfin, pour en revenir à ce qui nous intéresse, autant dire nos annales, elle débuta par une soirée hivernale, non pas tant pour le plaisir… pas cette fois, du moins. Outre un hommage que nous désirions lui rendre, écrire fut aussi une manière d’exorciser notre deuil, et de nous rappeler de celui qui signa nos toiles : A.D.
L’histoire était lancée, il ne suffisait plus que de la laisser prendre corps : suivez-moi…
a suivre
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MessagePosté le: 25/01/2008 à 08:48:19     Sujet du message: Répondre en citant

suite

4

Cette année-ci, fut une année à orages, comme disaient les vieux par chez nous. Ils commencèrent début juin, pour se traîner jusqu’au mois de septembre, et régulièrement les plombs sautaient chez moi.
Je travaillais, à cette période, pour une compagnie d’architecte : un salaire de misère, retapant de grandes bâtisses, du côté soit de Nancy, Montpellier, Lyon ou de Bayonne.
En priorité, il s’agissait certes d’Annecy, que j’ai commencé à découvrir six semaines avant de faire la connaissance d’Alexis.
Je rentrais alors d’une mission de trois semaines, prévue au départ pour une durée de deux à trois mois, du Qatar. L’erreur au départ, mais s’agissait t-il d’une erreur, fut d’envoyer une femme comme conseillère technique dans un pays musulman pour aider à un projet d’une évidente visée médiatique.
- Je vous préviens, si par malheur, ils m’obligent à mettre leur boubou à la con et un passe montagne pour cacher mes taches de rousseur, vous pourrez dire à Monsieur Favien qu’il se cherche un autre nomade itinérant.
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MessagePosté le: 26/01/2008 à 08:09:30     Sujet du message: Répondre en citant

suite
Menaces réitérées, que j’avais déjà fait en d’autres temps et pour d’autres lieux, et dont Harriot, chargé de la logistique pour les voyages hors hexagone se souvint, avec un sourire narquois, tout en me tendant, par-dessus son bureau directorial, oserais-je dire dictatorial, tellement il me faisait songer aux meubles monumentaux dessinés pour les régimes totalitaires, un dossier plastifié contenant, outre les consignes, adresses, et autres visas, un fascicule sur le comportement d’un étranger… non une étrangère, dans un pays « modérément » islamiste.
Paris - Al-Dawha, dix huit heures de vol, en classe affaire, certainement pas des plus direct. Dix huit heures, qui comme à l’accoutumée en avion, me laissèrent tout le loisir de revenir sur mon assez courte biographie. Lors de mes précédents voyages, je revivais les bribes de mes vicissitudes : des moments forts aux instants de faiblesse. Du moins, pas cette fois là, non pas cette fois-là…
Intuition purement féminine ? Décision inconsciente de rupture ? Je n’aurais su dire, mais ce fut au cours de ce vol que ma vie se déroula derrière l’écran clos de mes paupières, empreintes de fatigue et surtout de lassitude.
A suivre
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MessagePosté le: 27/01/2008 à 08:08:52     Sujet du message: Répondre en citant

suite
5

Enfant puis adolescente, j’ai vécu quasiment toute ma scolarité en internat, ballottée de droite et de gauche, par des institutrices maussades, persuadées de la vertu d’une badine pour mener leurs troupes d’une main de fer.
Les péronnelles, avec lesquelles au fond d’un dortoir humide, j’ai partagé un lit, se tiraient les cheveux dans les douches collectives, et dénonçaient leurs camarades, pour le vol d’une simple miche de pain aux cuisines.
D’ailleurs, nous passions davantage d’heures à l’office et aux vêpres, qu’à réciter d’obscures poésies vantant les mérites de telle bataille de principe ou de l’Anjou lointain, que je ne connaissais que par les lignes absconses d’un certain Ronsard.
Sur les conseils d’une aïeule, ma mère m’y avait collé, dans le vain espoir de parfaire l’éducation d’une petite dévergondée, qui préférait déjà aux études, les flâneries en compagnie d’un titi du cru.
Seize années, enfermée à l’abri de hauts murs m’ont donné, à terme, et à haïr l’école, et le goût prononcé pour les architectures des édifices où nous séjournions au quotidien.
A huit ans, je n’appréciais guère de demeurer séquestrée entre jardins et oratoire : je n’avais sans doute pas la vocation comme Françoise, qui moins de dix ans après mon départ de la région, est revenue au cloître des Clarisses. Elle a prononcé ses vœux perpétuels, le dix-huit août 95. Allez savoir pourquoi… On ne s’explique jamais certaines choses.
Pour ma part, je n’aspirais qu’à me défaire de mon carcan, et partir loin d’ici, pour vivre libre
. A suivre
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MessagePosté le: 28/01/2008 à 05:22:20     Sujet du message: Répondre en citant

suite
Quand je songe à cette période, je me rends compte, en outre, que l’approche des fins de semaine, ou des grandes vacances était un effroi supplémentaire.
Il me fallait rencontrer, ce qui avait, quinze ans en amont, fait office de géniteur et aujourd’hui n’était plus qu’une signature au bas d’un chèque mensuel. Il me récupérait donc l’espace d’un congé, et s’octroyait la place d’un père par intérim, un week-end tous les trois ou quatre mois.
A mes quinze ans, l’argent a commencé de manquer et son emploi de caissière laissa ma mère sur la paille. A peine, touchait-elle le SMIC pour quarante heures de labeur hebdomadaire.
Ainsi, l’année de ses quarante-trois ans, elle se retrouva seule, avec une gamine à élever, un nouveau jules qui l’abandonna au terme de sept mois de vie commune, épuisé sans doute de supporter une alcoolique chevronnée, qu’il finissait par battre comme plâtre pour la faire taire et clore ses débordements hystériques.
De cette année-ci, j’ai commencé à entrevoir la possibilité de prendre mon envol : décamper et abandonner cet enfer derrière moi, pouvoir enfin bâtir une existence sur des bases solides.
Las, mon aïeule continua de payer les traites semestrielles de mon internat avec la régularité d’un métronome, et il me fallut encore patienter trois ans, avant de pouvoir boucler mes valises et dire un ultime au revoir aux religieuses, qui nous servaient d’enseignantes.
A suivre
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MessagePosté le: 29/01/2008 à 07:12:04     Sujet du message: Répondre en citant

suite
Au terme d’errances bisannuelles, puis de petits boulots durant mes permissions, je poursuivis mon périple, études au lycée toujours sous le couvert d’interne, confortées par une mention au bachot.
Ce morceau de papier en poche, enfin émancipée par le calendrier, je suivis mes aspirations, et la direction de la première capitale, en stop ou en train.
J’y débutai l’école des Beaux-Arts. Toutefois, ai-je rapidement déchanté, ne me découvrant aucun talent et m’ennuyant ferme, à étudier les techniques d’un trait à la sanguine ou d’une penture à l’huile. Autant en vérité, vis-à-vis des nus que nous nous proposions de reproduire, que face aux natures mortes entassées sur leurs estrades. Tellement mortes d’ailleurs, que je finissais le plus souvent par m’assoupir, le fusain encore en main, éveillée seulement par les raclements de gorge sournois de mon professeur, monsieur Versant. Pour cela non plus, je n’avais pas la vocation.
Monsieur Versant justement, qui durant six ans, me prit sous son aile, et dès le douze novembre, date anniversaire de mes vingt ans me mit la puce à l’oreille.
- Si vous avez vraiment envie de créer, pourquoi ne pas tenter une école d’architecture ? , m’avait-il conseillé à la fin de l’été 1988.
L’idée fit lentement son chemin : les finances ne suivirent pas. Avec une paie de serveuse à mi-temps, une piaule sous les toits d’une charmante vieille dame, prêtée, la piaule, pas la vieille dame, par un ami des Beaux-Arts, tout ceci me permettait à peine de survivre et je vivotais.
Durant ces années de jeûne, je n’eus donc pas l’occasion de faire autre chose que rater ma vie. Graduellement, je m’étais habituée à cette perspective pour le moins douteuse.

A suivre. Pas d'épisode demain pour cause d'absence de l'auteur, producteur réalisateur..
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"Dans la vie, l'occasion d'être un héros se présente deux ou trois fois mais presque chaque jour se présente celle de ne pas être lâche"
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